La vaccination contre le zona reste autorisée jusqu’à 74 ans révolus, alors que le risque de cette maladie augmente avec l’âge. Les études récentes confirment pourtant une efficacité du vaccin chez les personnes de plus de 75 ans, sans augmentation d’effets indésirables graves.
Malgré cette limite d’âge officielle, certains pays étendent la recommandation au-delà de 80 ans, sur la base des données d’efficacité prolongée. En France, le débat persiste entre recommandations strictes et adaptation aux profils de risque individuels.
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Le zona chez les seniors : une maladie à ne pas sous-estimer
Le zona ne se limite pas à une irritation cutanée passagère. Cette maladie, déclenchée par la réactivation du virus varicelle-zona (VZV), un herpès-virus déjà responsable de la varicelle,, cible de façon privilégiée les adultes vieillissants. Après avoir sommeillé des décennies dans les ganglions nerveux, le VZV peut resurgir lorsque le système immunitaire s’affaiblit : l’âge, la présence de pathologies chroniques ou des traitements lourds comme la chimiothérapie lui ouvrent la porte.
En France, le taux d’incidence annuel du zona atteint 346 cas pour 100 000 habitants d’après les données 2022 du réseau Sentinelles. Cette moyenne cache une situation bien plus préoccupante chez les plus âgés : la fréquence du zona explose après 50 ans, et touche près d’une personne sur deux au-delà de 80 ans. Le vieillissement de la population française annonce mécaniquement une hausse de cette maladie et de ses complications.
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L’enjeu dépasse largement l’apparition de vésicules douloureuses. Chez les seniors, les douleurs post-zostériennes (DPZ), de véritables névralgies persistantes, deviennent le cauchemar à éviter. Ces douleurs, parfois insupportables, peuvent s’installer durant des mois, voire s’éterniser des années, avec un retentissement considérable sur la qualité de vie. Les personnes immunodéprimées subissent aussi des formes plus graves, avec un risque de dissémination du virus difficile à contenir.
Quelques repères chiffrés permettent de mesurer l’ampleur du phénomène :
- Un adulte sur quatre développera un zona au cours de sa vie.
- Après 80 ans, la proportion atteint une personne sur deux en France et en Europe.
Le réseau Sentinelles, chargé de la surveillance, éclaire une pression croissante sur les âges les plus avancés. Face à cette progression continue de l’incidence avec l’âge et la perte de vigueur du système immunitaire, la vaccination s’impose comme un levier concret de prévention.
Jusqu’à quel âge le vaccin contre le zona reste-t-il recommandé ?
Depuis plusieurs années, la vaccination contre le zona cible en priorité les adultes de 65 à 74 ans. Cette stratégie, portée par la Haute Autorité de Santé (HAS), s’appuie sur le fait que les complications, en particulier les douleurs post-zostériennes, deviennent particulièrement invalidantes dans cette tranche d’âge. La HAS précise également que les personnes immunodéprimées, dès 18 ans, peuvent être vaccinées, compte tenu de leur exposition accrue aux formes sévères.
Le vaccin Shingrix (du laboratoire GSK), non vivant et adjuvanté, est désormais la référence. Contrairement à Zostavax, réservé aux personnes sans déficit immunitaire et désormais moins prescrit, Shingrix s’administre sans restriction chez les immunodéprimés. Deux doses, espacées de deux à six mois, offrent une protection solide. Le protocole reste identique, quel que soit l’âge lors de la vaccination.
La question d’une limite supérieure d’âge reste fréquente. Officiellement, le calendrier vaccinal ne fixe pas de plafond strict : la vaccination reste envisageable tant que l’état de santé le permet. En pratique, la grande majorité des campagnes vise les 65-74 ans, mais la HAS admet la vaccination jusqu’à 79 ans révolus. Au-delà, la balance bénéfice-risque s’apprécie au cas par cas, selon la situation médicale, le risque individuel de zona et la tolérance attendue au vaccin.
Voici les points clés à retenir concernant les recommandations d’âge :
- Le vaccin est proposé en rattrapage jusqu’à 79 ans.
- Chez les personnes immunodéprimées, la vaccination reste possible dès 18 ans et sans limite d’âge fixée.
Le choix de vacciner se décide toujours à deux, médecin et patient, en tenant compte du risque infectieux et du profil de santé.
Efficacité des nouveaux vaccins : ce que disent les dernières études
L’arrivée de Shingrix a bouleversé la vaccination contre le zona. Ce vaccin non vivant et adjuvanté s’impose aujourd’hui comme la meilleure arme pour prévenir la maladie aiguë et les douleurs post-zostériennes, redoutées pour leur caractère chronique et leur impact sur la vie quotidienne des seniors. Les résultats des grandes études internationales sont sans appel.
Quelques chiffres résument l’écart entre les deux principaux vaccins :
- Shingrix affiche une efficacité de 79,3 % pour prévenir le zona, contre 45,9 % pour Zostavax.
- La prévention des douleurs post-zostériennes atteint 87 % avec Shingrix, alors que Zostavax ne dépasse pas 66 %.
Le schéma à deux doses, espacées de deux à six mois, protège efficacement même après 70 ans. La Haute Autorité de Santé recommande de plus la co-administration avec les autres vaccins saisonniers (grippe, Covid-19, DTP), une mesure qui facilite la protection des personnes exposées à plusieurs risques infectieux.
Les autorités sanitaires soulignent la robustesse des preuves : l’immunogénicité de Shingrix se maintient même chez les plus âgés, permettant de préserver une protection tangible, y compris chez les patients immunodéprimés. Pourtant, la couverture vaccinale reste faible : moins de 5 % des plus de 65 ans sont protégés en France, alors que la moitié des octogénaires ont déjà croisé la route du virus. L’Académie de médecine ne cesse de rappeler cette urgence et appelle à une révision de la stratégie pour exploiter au mieux cette avancée médicale.
Faut-il élargir la vaccination aux âges les plus avancés ?
Le débat prend de l’ampleur alors que la population française vieillit et que le zona a déjà touché la moitié des octogénaires. Après 80 ans, le risque de développer la maladie grimpe, tout comme la probabilité de souffrir de douleurs post-zostériennes persistantes. Pourtant, moins de 5 % des plus de 65 ans sont vaccinés, selon les dernières données disponibles.
Ce paradoxe interroge. Les recommandations actuelles visent les 65-74 ans, alors que le nombre de cas et la sévérité du zona augmentent nettement après 75 ans. Les données sur l’efficacité du vaccin Shingrix chez les sujets âgés, y compris les plus vulnérables, sont solides. Les experts insistent : l’immunogénicité ne s’effondre pas avec l’avancée en âge, un argument fort pour reconsidérer la limite supérieure fixée par les autorités.
L’Académie de médecine alerte sur ce retard français, tandis que d’autres pays européens élargissent la vaccination au-delà de 80 ans. La question du remboursement par l’assurance maladie reste un frein majeur, limitant l’accès pour une population pourtant très exposée. Le zona ne s’impose pas comme une fatalité du vieillissement. Prévenir cette maladie, c’est offrir une chance supplémentaire de traverser l’âge sans la crainte de douleurs chroniques, et c’est peut-être là, dans ce choix individuel et collectif, que se joue le visage de la vieillesse à venir.