Un classement erroné dans le système GIR peut priver un senior d’une aide financière conséquente ou fausser l’accès à certains services d’accompagnement. Les critères d’évaluation, souvent méconnus, reposent sur une grille officielle dont la lecture s’avère parfois complexe pour les familles comme pour les professionnels.
L’attribution d’un niveau GIR 1 ou 2 entraîne des implications directes sur le montant de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie et sur l’organisation de la prise en charge. Les différences précises entre ces deux catégories restent pourtant source de confusion et de nombreuses démarches reposent sur leur bonne compréhension.
Gir 1 et 2 : de quoi parle-t-on exactement ?
Le sigle GIR, groupe iso-ressources, désigne un outil central du secteur médico-social. Il sert à évaluer la perte d’autonomie chez la personne âgée afin d’adapter l’accompagnement et les dispositifs d’aide. Cette évaluation s’appuie sur la grille AGGIR, un référentiel national structurant l’organisation de la prise en charge. La grille examine dix activités discriminantes (comme la cohérence, la toilette, l’habillage, la capacité à se nourrir, l’élimination, les transferts, les déplacements, ou la communication à distance) et sept activités illustratives (gestion, ménage, préparation des repas, lessive, loisirs, transport, contacts sociaux).
Le système GIR comporte six niveaux. GIR 1 correspond à la dépendance la plus forte ; GIR 6 désigne une autonomie conservée. Les niveaux GIR 1 et 2 concernent les situations où la perte d’autonomie est la plus prononcée. L’équipe médico-sociale s’appuie sur la grille AGGIR pour statuer. Chaque niveau est déterminé selon la capacité de la personne à accomplir seule ces activités essentielles du quotidien.
Voici, de façon synthétique, comment se distinguent les deux premiers niveaux :
- GIR 1 : situation de dépendance totale, avec nécessité d’une présence permanente à chaque instant pour tous les gestes de la vie courante.
- GIR 2 : perte d’autonomie très marquée, mais la personne peut être laissée seule par moments courts, ou nécessite surtout une aide physique pour les actes majeurs.
Ce mode d’évaluation du GIR conditionne l’accès à l’aide publique, notamment l’APA (allocation personnalisée d’autonomie), et guide le choix entre accompagnement à domicile ou accueil en établissement. Grâce à la grille AGGIR, le niveau de perte d’autonomie est défini avec précision, ce qui permet d’ajuster les réponses proposées aux besoins réels de la personne âgée.
Quelles différences majeures entre les niveaux Gir 1 et Gir 2 ?
La distinction entre GIR 1 et GIR 2 repose principalement sur l’intensité de la dépendance et la nécessité d’une surveillance ininterrompue. Le GIR 1 s’adresse aux personnes âgées qui ne peuvent plus rien faire seules : elles dépendent d’un aidant jour et nuit, pour chaque geste essentiel, manger, se laver, s’habiller, se déplacer ou rester en sécurité. Ce profil recouvre souvent des personnes présentant plusieurs maladies lourdes ou de graves troubles cognitifs, incapables de signaler leurs besoins.
À l’opposé, le GIR 2 concerne une perte d’autonomie sévère, mais la dépendance n’est pas totale. Deux cas de figure se rencontrent : soit la personne accomplit seule certains gestes simples mais requiert une aide ponctuelle pour d’autres, soit elle perd ses repères cognitifs mais conserve une part d’autonomie motrice. Dans ce cas, la présence d’un aidant doit rester rapprochée, sans être constante. L’aide est mobilisée à intervalles réguliers, notamment pour l’hygiène ou les déplacements.
Pour bien visualiser les nuances entre ces deux niveaux, voici un résumé :
- GIR 1 : besoin d’une aide continue et immédiate, y compris pour communiquer ou prévenir tout risque vital.
- GIR 2 : aide nécessaire dans la plupart des gestes du quotidien, mais possibilité de laisser la personne seule à certains moments.
La grille AGGIR tranche, grâce à une évaluation précise des activités discriminantes. Ce classement oriente l’accès aux dispositifs de prise en charge, qu’il s’agisse d’un hébergement en établissement ou de l’obtention de l’APA.
L’impact du classement Gir sur l’accès à l’APA et les aides au quotidien
Le droit à l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) dépend du niveau de GIR. Seules les personnes en GIR 1 à 4 peuvent en bénéficier : c’est le conseil départemental qui verse cette aide. Le classement, issu de la grille AGGIR, conditionne le financement des aides à domicile ou la prise en charge partielle des frais en EHPAD.
Le montant de l’APA évolue en fonction de la perte d’autonomie. Plus la dépendance est lourde, autrement dit, plus on se rapproche du GIR 1 ou 2, plus le soutien financier sera élevé, dans la limite d’un plafond. Les ressources du bénéficiaire interviennent aussi dans le calcul. À noter : les personnes classées en GIR 5 ou 6 ne peuvent pas prétendre à l’APA et doivent se tourner vers des aides de leur caisse de retraite, souvent moins avantageuses.
En établissement, le GIR influe sur le montant du tarif dépendance : une personne en GIR 1 paiera un coût journalier supérieur à un résident en GIR 4, car le besoin d’accompagnement est plus intense. Ce niveau de GIR sert aussi de base à l’élaboration du projet de vie personnalisé en EHPAD ou en unité de soins longue durée (USLD), pour assurer une prise en charge sur-mesure.
À partir du 1er juillet 2025, une expérimentation prévue dans 23 départements va tester la fusion des tarifs soins et dépendance en EHPAD. Cette évolution pourrait modifier la structure des restes à charge pour les familles et redéfinir le rôle du GIR dans la gestion quotidienne des établissements. Les acteurs du secteur surveillent de près ce changement, porteur de nouvelles pratiques.
Conseils pratiques pour comprendre et évaluer le niveau de Gir
Pour déterminer précisément le niveau de GIR, les professionnels du secteur s’appuient sur la grille AGGIR. Cet outil officiel évalue dix activités discriminantes, cohérence, orientation, toilette, habillage, alimentation, élimination, transferts, déplacements intérieurs et extérieurs, communication à distance, et s’enrichit de sept activités illustratives (gestion, entretien du logement, préparation des repas, lessive, activités de loisirs, déplacements, maintien des liens).
L’évaluation du GIR se fait le plus souvent au domicile de la personne, grâce à une équipe médico-sociale du conseil départemental, ou en établissement sous la responsabilité du médecin coordonnateur. Tout se base sur l’observation concrète des gestes du quotidien : la capacité à se lever, se nourrir, s’habiller, se repérer dans le temps ou dans l’espace… Les professionnels s’attachent à distinguer les aides nécessaires pour les actes essentiels.
Pour mieux saisir le niveau de perte d’autonomie, il est utile de recueillir les observations des proches, d’échanger avec les intervenants à domicile et de demander un rendez-vous avec l’équipe médico-sociale dès que la situation évolue. La grille AGGIR ne se limite pas à un outil administratif : elle guide le choix des aides, la fréquence et la nature du soutien, aussi bien à domicile qu’en établissement.
Voici les différents modes d’évaluation selon le contexte :
- À domicile : l’équipe médico-sociale du département intervient directement auprès de la personne.
- En établissement (EHPAD, USLD) : le médecin coordonnateur réalise l’évaluation sur place.
- La situation peut être réévaluée si l’état de santé change.
À l’heure où le vieillissement de la population s’accélère, bien comprendre la mécanique du GIR, c’est se donner les moyens d’anticiper, d’agir, et d’offrir à chaque aîné la juste attention. Derrière les cases d’une grille, il y a des vies, des besoins réels, et la nécessité de réponses à la hauteur des parcours singuliers.


